Pierre-Roger Ducos doit sa seule et courte notoriété à sa participation au coup d'État du 18-Brumaire et sa nomination aux fonctions de consul provisoire au coté de Bonaparte. Mais cela suppose certaines qualités qui amènent à s’interroger sur la carrière d’un révolutionnaire ayant survécu à cette période agitée.
Roger Ducos est né à Montfort-en-Chalosse le 27 juillet 1747, fils d’un notaire royal et procureur au sénéchal et présidial de cette ville. Etudiant en droit à Toulouse, il devient avocat et s’installe à Dax. Devenu procureur-syndic en 1789, et juge de paix, il contribue à la rédaction des cahiers de doléances du Tiers Etat, avant d'être élevé à la présidence du tribunal criminel des Landes en 1791.
Le 5 septembre 1792, il est élu député du département à la Convention et siège au centre parmi les modérés de la Plaine. Membre de la commission des secours publics, il se fit peu remarquer. Prudent et discret, il en devient cependant secrétaire le 23 novembre 1793. Il vote pour la mort de Louis XVI sans appel ni sursis, "J’ai déclaré Louis coupable de conspiration. J'ai ouvert le Code Pénal : il prononce la mort. Je vote donc la mort".
En Janvier 1794 il est élu président du club des Jacobins, mais ne prend aucune part aux événements de Thermidor et à la chute de Robespierre. De mars à août 1795, il est envoyé en mission en Belgique avec mission d’observer l’armée et ses généraux et veiller à la réparation des dommages de guerre de l’occupation des troupes autrichiennes à Landrecies.
En Janvier 1794 il est élu président du club des Jacobins, mais ne prend aucune part aux événements de Thermidor et à la chute de Robespierre. De mars à août 1795, il est envoyé en mission en Belgique avec mission d’observer l’armée et ses généraux et veiller à la réparation des dommages de guerre de l’occupation des troupes autrichiennes à Landrecies.
.Le 16 octobre 1795, il entre au Conseil des Anciens comme ex-conventionnel. Secrétaire de cette assemblée le 21 décembre, il en devient plus tard le président le 23 septembre 1796. Lors du coup d'État du 18-Fructidor, il est éliminé, avec 176 autres députés, et adhère à l'invalidation de sa propre élection, annulée comme entachée de jacobinisme (22 floréal an VI).Son mandat terminé, il reprend ses fonctions de président du tribunal criminel des Landes le 18 mai 1798, avant de tenter de revenir à Paris mais par deux fois les élections sont annulées
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Après le coup d'état du 30 prairial an VII, il devient un des cinq directeurs du Directoire exécutif siégeant au Palais du Luxembourg, en remplacement de Merlin de Douai, avec l’appui de son ami Barras qui l’a rappelé En réalité, Barras compte sur son insignifiance pour en faire sa créature, mais le public d'alors compare le nouveau directeur à Cincinnatus en louant sa vertu, son honnêteté et sa philanthropie.. Il se rallie à Sieyès partisan de la tendance des révisionnistes souhaitant renverser la Constitution de l'an III en faveur d'une nouvelle constitution). Le deux derniers Directeurs sont alors les néo jacobins Louis Gohier et Jean-François Moulin, .
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Le lien avec Sieyès l’amène a participer à l’organisation et la réussite du coup d’Etat du 18 brumaire (09 11 1799) pour renverser le gouvernement directorial.
Comme prévu, Sieyès et Ducos démissionnent de leur poste de Directeur. Le douteux et opportuniste Barras n'a d'autre choix que de faire de même . Les deux derniers , Moulin et Gohier, refusant de se démettre, sont placé sous bonne garde. Mais le 19 brumaire à Saint-Cloud des oppositions se manifestent au Conseil des Cinq-Cents. Rien ne se passe comme prévu et Bonaparte est conspué, menacé, et bousculé au Conseil des Anciens. Il réplique par la force armée dont il a le commandement pour les expulser.
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Une commission consulaire est crée, chargée de rétablir l’ordre, avec les pouvoirs du directoire. Ducos faisant partie du complot fomenté par Sieyès en faveur de Bonaparte, il se retrouve donc naturellement Consul à leur coté. Ce Consulat voté dès le 20 brumaire est ainsi constitué d'une Commission consulaire exécutive composée de Bonaparte, Sieyès, et Roger Ducos ( Le tyran, le défroqué et l'avocaillon ), flanquée d'une commission intermédiaire législative et constitutionnelle pour rédiger la Constitution de l'an VIII. Les Conseils sont suspendus, c'est la fin du Directoire acquise sous la menace de la force armée. Il s'agit bien d'un coup d'état.
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Ducos y est nommé en qualité de troisième consul provisoire, et prête serment à la République dans la nuit du 19 au 20 Brumaire, avant de s’installer au palais du Luxembourg. En théorie Bonaparte Sieyès et Roger Ducos sont égaux mais de fait, on attribue ces paroles de Ducos à Sieyès lors de leur première réunion « Vous voyez bien que c’est le général qui préside »
La Constitution de l'an VIII une fois élaborée, les consuls provisoires sont vite remplacés par Cambacérès et Lebrun
Après sa courte heure de gloire, Ducos est remercié et récompensé par une nomination au Sénat conservateur, avec la sénatorerie d’Amboise (avec 25 000 F par an). Il devient même vice président le 13 décembre 1799. Il est nommé a la sénatorerie d’Orléans le 28 septembre 1803
En récompense de ses services Bonaparte lui fait don du château d'Amboise devenu bien national mais en mauvais état.
Celui-ci, peu respectueux, et faute de moyens , en a détruit les deux tiers des bâtiments anciens entre 1806 et 1810, y compris la vieille collégiale Saint Florentin où avait été enterré Léonard de Vinci, la Maison des Sept Vertus constituant les appartements royaux construite par Charles VIII en 1495, et l'aile construite par Henri II vers 1540. Ses armoiries figurent cependant sur le mur menant à la billetterie.
" le sénateur, comte d'Empire, entendait bien faire du château sa principale demeure, et d'autre part il avait été décidé que les travaux menés aux frais du Sénat devaient coûter le moins cher possible. Dès lors, il n'y avait qu'un seul parti à prendre […] : détruire tous les bâtiments ruinés, ou .simplement inutiles "
Fait membre de la Légion d’honneur en 1803, et grand officier l’année suivante, puis crée comte de l’Empire le 28 mai 1808.Cela ne l’empêche pas, en avril 1814, de voter la déposition de Napoléon à qui il doit tout, et de signer l'acte constitutif d'un gouvernement provisoire. Maintenu dans ses fonctions et titres par la première Restauration, il accepte de faire partie de la Chambre des pairs sous les Cent jours (2 juin 1815).
Condamné a l’exil comme régicide par l’ordonnance du 12 janvier 1816, lors de la seconde restauration il doit quitter le territoire français et va à Stuttgart. Expulsé aussitôt du grand duché de Bade et du royaume de Wurtemberg, il se rend en Autriche avec sa femme pour y fixer sa résidence, quand sa voiture verse près d’Ulm. Alors qu’il veut en descendre, une roue lui passe sur le corps, et lui fracture le crâne. Il décède le 4 avril 1816 à Ulm chez le maître de poste à l'Hôtel de la Croix d'Or. Il est enseveli le 7 à la paroisse Saint Michel de Wengen. (Sépulture détruite par un bombardement en 1944).
Condamné a l’exil comme régicide par l’ordonnance du 12 janvier 1816, lors de la seconde restauration il doit quitter le territoire français et va à Stuttgart. Expulsé aussitôt du grand duché de Bade et du royaume de Wurtemberg, il se rend en Autriche avec sa femme pour y fixer sa résidence, quand sa voiture verse près d’Ulm. Alors qu’il veut en descendre, une roue lui passe sur le corps, et lui fracture le crâne. Il décède le 4 avril 1816 à Ulm chez le maître de poste à l'Hôtel de la Croix d'Or. Il est enseveli le 7 à la paroisse Saint Michel de Wengen. (Sépulture détruite par un bombardement en 1944).
Le 22 octobre 1816 son fidéle serviteur, Pierre Romeus, viendra déposer l'urne contenant son coeur embaumé sous le pavement de la petite église de Narosse où elle sera redécouverte en 1991 à l'occasion de travaux. Depuis, une dalle gravée indique son nouvel emplacement dans le sol à droite du chœur.
De son remariage avec Marthe Tachoires, il laisse deux enfants dont Jean-Jacques, Roger, comte Ducos (1784 - 1862)
Son frère Nicolas, né a Dax en 1756, général, a participé aux campagnes d'Allemagne et d’Espagne, avant de devenir baron d Empire. Il meurt à Saint-Omer en 1823.
Un autre frère, Jean-François, Armand, est le père de Théodore Ducos né en 1801, qui deviendra ministre de la Marine.
Un autre frère, Jean-François, Armand, est le père de Théodore Ducos né en 1801, qui deviendra ministre de la Marine.


(source BNF - musée Carnavalet)
Les biographes ne l'ont pas épargné !
"L'importance du rôle politique que Roger Ducos parut être appelé à jouer, comparée à la médiocrité de ses moyens, présente l'une de ces anomalies vraiment phénoménales dont l'apparition accompagne toujours les grandes perturbations sociales. Législateur insignifiant sous la Convention, médiocre au Conseil des Anciens, au Directoire, où il ne fit que passer, il ne fut, à la lettre, que le satellite de Sieyès. Consul éphémère, les honneurs et le loisir de la vie sénatoriale le rendirent à sa nullité primitive. Il n'en sortit point, pour avoir été, en 1804, fait comte de l'Empire, grand cordon de la Légion d'Honneur, et titulaire de la sénatorie d'Orléans".
Source : Nouvelle biographie générale -tome 15 -1856.
A LIRE
Michel MASSIE - Le troisème consul Roger Ducos - J et D Editions Biarritz 1992
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