29/11/2009

Roger DUCOS

Le troisième consul de Bonaparte





Pierre-Roger Ducos doit sa seule et courte notoriété à sa participation au coup d'État du 18-Brumaire et sa nomination aux fonctions de consul provisoire au coté de Bonaparte. Mais cela suppose certaines qualités qui amènent à s’interroger sur la carrière d’un révolutionnaire ayant survécu à cette période agitée.



Roger Ducos est né à Dax (ou plutôt Montfort-en-Chalosse) le 27 juillet 1747, fils d’un notaire royal et procureur au sénéchal et présidial de cette ville. Etudiant en droit à Toulouse, il devient avocat et s’installe à Dax. Devenu procureur-syndic en 1789, et juge de paix, il contribue à la rédaction des cahiers de doléances du Tiers Etat, avant d'être élevé à la présidence du tribunal criminel des Landes en 1791.

Le 5 septembre 1792, il est élu député du département à la Convention et siège au centre parmi les modérés de la Plaine. Membre de la commission des secours publics, il se fit peu remarquer. Prudent et discret, il en devient cependant secrétaire le 23 novembre 1793. Il vote pour la mort de Louis XVI sans appel ni sursis, "J’ai déclaré Louis coupable de conspiration. J'ai ouvert le Code Pénal : il prononce la mort. Je vote donc la mort".

En Janvier 1794 il est élu président du club des Jacobins, mais ne prend aucune part aux événements de Thermidor et à la chute de Robespierre.De mars à août 1795, il est envoyé en mission en Belgique avec mission d’observer l’armée et ses généraux et veiller à la réparation des dommages de guerre de l’occupation des troupes autrichiennes à Landrecies.

.Le 16 octobre 1795, il entre au Conseil des Anciens comme ex-conventionnel. Secrétaire de cette assemblée le 21 décembre, il en devient plus tard le président le 23 septembre 1796.Lors du coup d'État du 18-Fructidor, il est éliminé, avec 176 autres députés, et adhère à l'invalidation de sa propre élection, annulée comme entachée de jacobinisme (22 floréal an VI).Son mandat terminé, il reprend ses fonctions de président du tribunal criminel des Landes le 18 mai 1798, avant de tenter de revenir à Paris mais par deux fois les élections sont annulées.

Le 19 juin 1799, il devient un des cinq directeurs du Directoire exécutif, en remplacement de Merlin de Douai, avec l’appui de son ami Barras qui l’a rappelé En réalité, Barras compte sur son insignifiance pour en faire sa créature, mais le public d'alors compare le nouveau directeur à Cincinnatus en louant sa vertu, son honnêteté et sa philanthropie.
Il s'attache à son collègue Sieyès pour se maintenir au pouvoir. Cela l’amène a participer a l’organisation et la réussite du coup d’Etat du 18 brumaire (09 11 1799) pour renverser le gouvernement directorial, dont il démissionne comme prévu.



Une commission consulaire est crée, chargée de rétablir l’ordre, avec les pouvoirs du directoire. Ducos y est nommé en qualité de troisième consul provisoire, et prête serment à la République dans la nuit du 19 au 20 Brumaire, avant de s’installer au palais du Luxembourg.
Les trois consuls qui remplacent le Directoire sont chargés, avec deux commissions, de rédiger une nouvelle constitution. En théorie, Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos sont égaux mais de fait, on lui attribue ces paroles à Sieyes lors de leur première réunion « Vous voyez bien que c’est le général qui préside » On a dit aussi qu’à cette occasion Ducos et Sieyes se seraient partagé ce qui restait dans les caisses secrètes du Directoire.
La Constitution de l'an VIII une fois élaborée, les consuls provisoires sont vite remplacés par Cambacérès et Lebrun
Après sa courte heure de gloire, Ducos est remercié et récompensé par une nomination au Sénat conservateur, avec la sénatorerie d’Amboise (avec 25 000 F par an). Il devient même vice président le13 décembre 1799. Il est nommé a la sénatorerie d’Orléans le 28 septembre 1803




Devenu propriétaire du château d'Amboise, alors en mauvais état, il en fait détruire une grande partie dès 1805 ( logis royaux du donjon, logis des Sept Vertus, collégiale Saint-Florentin, bâtiment abritant l'appartement du roi Henri II).Ne sont conservées que les ailes Charles VIII et François 1er, de la chapelle Saint-Hubert et des éléments de l'enceinte.
" le sénateur, comte d'Empire, entendait bien faire du château sa principale demeure, et d'autre part il avait été décidé que les travaux menés aux frais du Sénat devaient coûter le moins cher possible. Dès lors, il n'y avait qu'un seul parti à prendre […] : détruire tous les bâtiments ruinés, ou simplement inutiles "

Fait membre de la Légion d’honneur en 1803, et grand officier l’année suivante, puis crée comte de l’Empire le 28 mai 1808.Cela ne l’empêche pas, en avril 1814, de voter la déposition de Napoléon à qui il doit tout, et de signer l'acte constitutif d'un gouvernement provisoire. Maintenu dans ses fonctions et titres par la première Restauration, il accepte de faire partie de la Chambre des pairs sous les Cent jours (2 juin 1815).

Condamné a l’exil comme régicide par l’ordonnance du 12 janvier 1816, lors de la seconde restauration il doit quitter le territoire français et va à Stuttgart Expulsé aussitôt du grand duché de Bade et du royaume de Wurtemberg, il se rend en Autriche avec sa femme pour y fixer sa résidence, quand sa voiture verse près d’Ulm. Alors qu’il veut en descendre, une roue lui passe sur le corps, et lui fracture le crâne. Il meurt quelque temps après, dans une auberge de la Croix d’Or, le 4 avril puis enterré le 7 avril.


L’église de Narosse, près de Dax comporte une dalle sous laquelle une urne contiendrait son cœur.




De son remariage avec Marthe Tachoires, il laisse deux enfants dont Jean-Jacques, Roger, comte Ducos (1784 - 1862)


Son frère Nicolas, né a Dax en 1756, général, a participé aux campagnes d'Allemagne et d’Espagne, avant de devenir baron d Empire. Il meurt à Saint-Omer en 1823.
Un autre frère, Jean-François, Armand, est le père de Théodore Ducos né en 1801, qui deviendra ministre de la Marine.





Roger Ducos, membre du Directoire exécutif
(source BNF)

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