Le décapité de la conjuration d'Amboise.
l'exécution des conjurés d'Amboise
Quand le roi Henri II meurt en 1599, le nouveau roi François II, son fils aîné, n’a que quinze ans, de santé fragile et inexpérimenté. Fils de Catherine de Médicis, il a épousé, l’année précédente, Marie Stuart déjà reine d’Ecosse. Le pouvoir est alors sous la tutelle des Guise: François duc de Guise, et Charles cardinal de Lorraine, oncles maternels de la reine
Cette mainmise
du pouvoir et l’arbitraire des mesures prises contre les protestants est
contestée par un mouvement
d’opposition mené par les deux principaux Princes
du sang que sont Louis de Condé et son frère aîné Antoine de Bourbon, roi de
Navarre. Mais, prudents, ces derniers ne
souhaitent pas ouvrir un conflit direct avec la Cour et les Guise.
Résolu de mettre un terme à la persécution
et de faire reconnaître le droit du culte réformé, un groupe de gentilshommes provinciaux
et protestants montent alors le projet de renverser le gouvernement des Guise
et de confier le pouvoir à un conseil de régence où les princes de sang, gagnés
à la nouvelle religion réformée, et légitimes à gouverner, devraient tenir la
première place. C'est la conjuration d'Amboise. L’instigateur principal de cette
conjuration, ou plutôt le chef apparent, est un gentilhomme du Périgord, Jean
de Barry, seigneur de La Renaudie, converti au calvinisme lors d’un exil en
Suisse.
La noblesse du Sud-Ouest, toujours turbulente, s'enrôle en masse dans cette
opposition politique et religieuse. "Il n'estoit pas fils de bonne mère qui n'en vouloit gouster", sans doute bien plus contre les Guise que contre le Pape.
Ainsi, Charles
de Castelnau répond à l’appel de La Renaudie pour la Gascogne, comme le font
par ailleurs le capitaine Mazères pour le Béarn, et Le Mesny pour le Limousin
et le Périgord. Le baron de Castelnau est alors
l’homme le plus considérable du parti de ces "capitaines vaillants
et bien expérimentez", tant par sa naissance que
par son mérite personnel.
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Né vers 1500, le baron Charles de
Castelnau est issu d’une très ancienne famille remontant au-delà du XIIIe
siècle, dont le berceau se situe sur les terres de Castelnau, petit village du
Tursan au bout duquel on peut encore voir la motte féodale du château primitif
disparu.
Il est le fils de Louis de Castelnau, baron de Castelnau,
Miremont, Buanes, Batz, auteur de la
branche aînée des Castelnau-Tursan. Deux de ses frères décédés,
Antoine à Tolède en 1541 et Louis en 1549 ? , se sont succédés comme
évêques de Tarbes, et le cadet Pierre, capitaine de cent hommes d’armes a été
écuyer du duc d’Orléans.
Petits seigneurs, les Castelnau, vassaux
directs du roi anglais duc de Gascogne ont, à partir du XIIIe siècle, assis
leur ascension sur leurs services militaires et sur le chois de leurs
alliances.
Ainsi, à l’issue du longue querelle, un Geraud de Castelnau est tué en 1273 par le seigneur de la maison rivale de
Miremont et ses hommes, qui vaut à ce
dernier la confiscation de la seigneurie par le roi-duc qui la donne un temps au
lignage des Castelnau, entre les mains de Raymond-Bernard
I, le fils, qui rend hommage au roi d’Angleterre dont il est le vassal
direct. Une union matrimoniale des deux familles en 1309 fait entrer les
domaines des Miremont dans la maison de Castelnau.
Son fils,
Pierre de Castelnau fait construire un château à Geaune qui devient la
résidence de ses successeurs, et fonde la bastide sur le territoire de la
commune de Pantagnan, par un paréage conclu avec le sénéchal de Guyenne en 1318
pour le compte d’Edouard II d’Angleterre
Au XIVe siecle, Raymond-Bernard II de Castelnau, après avoir participé à la lutte
entre les comtes d’Armagnac et de Béarn, épouse, en 1330, Bearnèse de Foix, la sœur
naturelle de Gaston III Phebus , et une de ses filles épousera le seigneur de
Morlanne, frère naturel de Gaston III de Foix-Bearn.
Au XVe siècle, les barons de Castelnau finissent par dominer l’ensemble de la région
du Tursan. Cela leur vaut la dénomination de Castelnau-Tursan, bien qu’ au XVIe
siècle ils étaient désignés sous le nom de Castelnau-Chalosse.Le baron de
Castelnau est ainsi nommé dans leurs mémoires par Henry
IV, d'Aubigné, La Force, son ami, et
Vignolles, son compatriote et voisin
Aussi, au XVIIe s, les Castelnau joignirent
à leur nom celui de Castille, qui viendrait de la tradition leur attribuant
comme ancêtre et premier seigneur un puîné de Castille
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Une première assemblée des conjurés se tient à Nantes au
début du mois de février 1560. La levée d’un corps de cinq cent gentilshommes
et plus de mille hommes d’infanterie y est organisée. Ces troupes doivent se
diriger vers Blois, Orléans et Tours.
Cependant, dès le 12, la Cour reçoit
plusieurs avertissements et dénonciations sur l'existence du complot. Face au
danger grandissant, la reine mère Catherine de Médicis et le Conseil décident de faire des premières concessions,
telle l’amnistie générale négociée par Condé, d’Andelot,
Coligny et Odet de Chatillon,
offerte aux protestants à l’exception des conspirateurs, par un édit du 8 mars 1560. Mais il est trop tard.
L’action des conjurés, initialement prévue pour le 6 mars,
est décalée au 16 puisqu’il s’agit de s’infiltrer et investir un nouveau lieu.
Une réunion se tient au château de la Carretière, à six lieues d’Amboise. Il y
est convenu qu’une cinquantaine d’hommes doit pénétrer dans la ville et qu’une trentaine
doit s’infiltrer dans le château à l’aide de complicités. Au jour fixé,
Castelnau et Mazères à la tête de cinq cent hommes rassemblés dans les bois proches doit envahir Amboise
puis, au signal, le château dont les portes auront été ouvertes
De son coté, la noblesse catholique est appelée à défendre la couronne et se répand dans tous les environs d’Amboise. Le duc de Guise lance sa cavalerie dans les bois voisins pour surprendre et intercepter les petites troupes qui s’en rapprochent, et les premières arrestations ont lieu à partir du 10 mars
Parti de
Tours après avoir échappé à une tentative du comte de Sancerre pour le
capturer, le baron de Castelnau rejoint le château de Noizay, situé à une
dizaine de kilomètres au nord Ouest d’Amboise. Là, y sont déjà rassemblées des
troupes, des armes et des munitions.
Mais, dès le lendemain matin, deux de
ses compagnons gascons, les capitaines
Raunay et Mazères se laissent surprendre aux abords même de leur repère par le
duc de Nemours. Castelnau y échappe de peu à la capture et s’enferme dans le
château dont il fait barricader les portes et lever le pont.
Il n’a le temps
que d’écrire et informer La Renaudie, car, après avoir emmené ses prisonniers à
Amboise, le duc de Nemours revient avec le renfort d’une compagnie
d’arquebusiers. Alors, sans attendre d’éventuels secours, et voyant la
résistance inutile, le baron de Castelnau entre en pourparlers avant de se rendre sur
parole au Duc qui lui promet de l’introduire auprès du roi pour y exposer ses
griefs et requêtes invoqués, et de lui laisser ensuite la liberté de se
retirer. Le baron accepte alors de suivre Nemours avec ses gens désarmés.
les troupes du Duc de Nemours encerclent le château de Noizay où s 'est enfermé le baron de Castelnau.
Malheureusement,
arrivé à Amboise avec la quinzaine de ses amis et leurs gens, il est, non pas
conduit vers le Roi, mais aussitôt jeté dans un cachot.
L’affaire
tournant mal, Condé, supposé chef muet et appui secret de la conspiration, se
sentant piégé, rejoint Amboise et les défenseurs du Roi
Le 17
mars, une dernière attaque désespérée sur Amboise est tentée en vain, mais une
véritable chasse à l’homme est ouverte dans tous
les environs pour capturer les suspects d’avoir participé à l’entreprise,
conjurés, soldats, paysans.Les prisonniers sont pendus, ou massacrés
dans les rues de la ville, ou jetés attachés dans la Loire.
Le chef de la conspiration, La Renaudie est tué au
combat le 19 mars dans la forêt de Châteaurenault avant d’être ramené à Amboise
pour y être écartelé et les parties de son corps exposées à chaque porte de la
ville.
Les Guise ayant décidé de faire un exemple,les premières et terribles exécutions commencent dès le 17 mars.
Après
interrogatoires et un court procès, Castelnau, qui étonne par sa connaissance
de la doctrine calviniste, est condamné à mort. Malgré les oppositions et
interventions du duc de Nemours, de
l’amiral de Coligny, du duc de Longueville et même du duc d’Aumale, frère puîné
des Guise, aucune grâce ne lui est consentie. (on dit même que la reine mère se
joignit à eux en souvenir du fait que Castelnau avait un jour sauvé la vie du
duc Charles d’Orléans menacé par la population a Amboise. Peut-être s’agit-il de Pierre de Castelnau, frère cadet de Charles et
écuyer du duc d’Orléans, et mort a Amboise vers 1536),
Dans son
histoire de France, François de Mezeray écrit :
«
Comme on prononçait à ce dernier sa sentence de mort, entendant ces mots, pour crime de lèse-majesté, il s’éclata
d’un ton de voix hardi et courroucé, disant : Je n ai jamais attenté ni
sur la sacrée personne du roi, ni sur celle de la reine sa mère, de la reine
son épouse, ou de messieurs ses frères et princes de sang, qui sont les
personnes dont les lois du royaume ordonnent de révérer la majesté. Que si l’on
prétend que je sois coupable de ce crime pour avoir pris les armes contre les
Guise qui sont étrangers et qui ont usurpé le gouvernement sur les princes, il
faut auparavant les déclarer rois »
Les quinze principaux chefs rebelles sont donc exécutés. La plupart sont pendus aux balustrades des fenêtres
de la façade nord du château, trois ou quatre sont roués vifs. Les gentilshommes,dont le baron de Castelnau,
ont l’honneur d’être décapités
Se
plaignant plus de la trahison du duc de Nemours que du châtiment, « le sieur de Castelnau, gentilhomme de fort bonne maison, l’appela cinq ou six
fois sur l’échafaud traître, très méchant et indigne du nom de
prince ». On raconte que le dernier décapité, Adrien de
Villemongis, trempa ses mains dans le sang de ses compagnons et les leva
au ciel en criant:
« Seigneur, voicy le sang de tes enfants. Tu en feras la vengeance »
Et, de fait, le chancelier François Olivier chargé
d’instruire leur interrogatoire et procès, en est si ébranlé qu’il tombe
subitement malade et meurt à la fin du mois. Le jeune et fragile roi
François II meurt le 2 décembre, et le duc de Guise sera assassiné en février
1563
Ce mois de mars
1560 fut une véritable boucherie à la suite de laquelle les rois de France cessèrent
de venir au château d’Amboise, mais surtout que la lutte entre les Catholiques
et les Protestants dégénéra, annonçant près de quarante ans des Guerres de
Religion, de 1562 à 1598.
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Jacques I de
Castelnau
Le fils de Charles, Jacques Ier de Castelnau, né en 1555 au château de Sorbets lui succède. Elevé dans la religion catholique, il a été
jeté dans le parti protestant par la haine des Guises, meurtriers de son père,
et sans doute aussi par l’influence de son épouse protestante Jeanne de
Gontaut-Saint-Geniès, la fille aînée du lieutenant-général en Navarre et Béarn,
Armand de Gontaut Badefol seigneur de Saint-Geniès., qu’il a épouse au château
de Pau en 1589. Mais il semble qu’il servit davantage la politique de son parti
qu’il n’accepta de manière absolue les idées religieuses de la Réforme. Bien
qu’assurant l’assemblée protestante de La Rochelle de son dévouement, il
assistait à la messe à la Cour, et, à sa mort, se montra bon catholique. Cette
double conduite, sans doute mue par ses propres intérêts, ne l’empêcha pas d’être un hardi et fidèle
capitaine huguenot au service d’Henri de Navarre, futur roi Henri IV (qui lui
aussi changea plusieurs fois de religion au gré des évènements).
En
octobre 1592, et bien que n’y possédant aucune seigneurie, il est fait le
Sénéchal du Béarn pour succéder à son
beau-père, de Saint-Genies, qui vient de mourir. Après six ans de conflit avec
le Conseil des Etats, il doit y renoncer
Sénéchal de Marsan et
Tursan, il récupère le gouvernement de la ville de Mont-deMarsan en 1594 apres
la reprise de la ville par Henri de Navarre
Il obtient de Louis XIII en juillet 1619 l’érection de la baronnie en en
marquisat
A l’été 1621, le baron de
Castelnau, maréchal de camp, rejoignit, avec Jacques II son fils cadet, l’armée
royale du jeune Louis XIII pour le siège du bastion protestant de Montauban. Mais, après l’échec cuisant de la
campagne, et victime de la peste qui ravageait
les troupes, il ne réussit pas à regagner ses terres de Tursan et mourut
sur le chemin, à Bourret, près de Verdun sur Garonne. Il fut inhumé aux Augustins de Geaune, donc dans une église
catholique, et le Chapitre d’Aire assista à ses obsèques)
Jacques II de Castelnau
.
L’année suivante, Jacques II,
baron de Miremont, alors capitaine d’une compagnie de chevaux-légers, défendait la ville de Tonneins tenue par les
protestants et assiégée par les troupes royales, donc du parti catholique. Il y
fut tué d’un coup d’épée le 20 mars lors d’une sortie. Ironie du sort, il fut tué par un marquis de Castelnau (en Périgord), Henri Nompar
de Caumont, second fils de celui qui
devint duc de La Force (lequel duc, pourtant ancien chef de guerre protestant,
servait désormais le roi qui le créa maréchal de France puis Pair !)
Antonin de Castelnau
Fils aîné de Jacques I de
Castelnau, né vers 1585, il se trouva entraîné dans le parti protestant
par son éducation maternelle, et en 1616 épousa Jeanne de Vallier, fille
du baron de Vallier, fervent combattant de la
religion prétendue réformée, qui venait de
s’emparer de la ville d’Aire sur Adour et soutenu le siège des troupes
catholiques
Déjà sénéchal des pays de
Marsan, Tursan, Gabardan et Bas-Albret, il succéda à son père qui l’avait
associé dès 1613 au gouvernement de Mont-de-Marsan dont il obtint pour lui la survivance. Mais de caractère remuant, orgueilleux et ambitieux, et sans doute encouragé par le succès des protestants à Montauban, il entreprit dès 1622 de prendre Mont-de-Marsan au nom de l'assemblée de La Rochelle, et de soulever tout le pays d'Armagnac et de Marsan., jusqu'à l'intervention du marquis de Poyanne qui obtint sa soumission et la démission de son gouvernement contre 60 000 livres, lui conservant seulement sa charge de sénéchal.
Il fut tué a Gravelines en janvier 1636 lors de la guerre menée en Flandres par Richelieu contre les espagnols
entrant ainsi dans la guerre de Trente Ans
Il n'eut pas d'héritier mâle. Sa fille dite JeanneMarie de Castille, devenue seule héritière du marquisat de Castelnau, épousa, en 1639, le catholique Henri Gabriel de Baylenx, qui n'est autre que le fils du marquis de Poyanne ayant combattu son père.
Par cette union, les domaines des Castelnau entrèrent dans la maison rivale des Poyanne
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