30/11/2009

Frédéric BASTIAT


Le théoricien du libéralisme et du libre-échange



« une physionomie de campagnard malicieuse et spirituelle; l'œil noir, vif et lumineux;
tout en lui portait l'empreinte de la pensée »


Humaniste, philosophe, économiste et homme politique, injustement méconnu en France, sauf des étudiants en économie, il est encore reconnu comme étant un auteur de premier plan dans d'autres pays, en particulier aux Etats-Unis. Encore aujourd’hui, un peu partout dans le monde, il paraît un ou plusieurs livres à son sujet, une réédition ou une traduction (même en chinois), d'une de ses œuvres.

Les plus célèbres sont
Cobden et la Ligue (1845), Sophismes économiques (1845-1848), L'État (1848), La Loi (1850), Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas (1850), Harmonies économiques (1851 posthume, inachevé), s’ajoutant à de très nombreux articles ou pamphlets dans la presse et revues, notamment dans le Journal des Économistes
.
Ses oeuvres complètes ont été rassemblées, en six volumes, en 1862-1864


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Bien que né à Bayonne le 19 juin 1801, Frédéric Bastiat est issu d’une famille originaire des Landes où il passe la plus grande partie de sa vie, jusqu’en 1844

Son arrière grand-père, propriétaire terrien, avait émigré de Laurède à Mugron, après son mariage, pour y fonder un négoce. Son grand père, alla s'établir à Bayonne pour y ouvrir une succursale de la maison landaise et s’y maria en 1770, mais acquit après la révolution le domaine de Sengresse, classé bien national qui avait appartenu au comte de Béthune-Charrost, héritier des Poyanne, près de Mugron, sur la route de Gouts. Son père qui travaillait égalent dans l'affaire familiale, se maria vers 1800 avec une jeune fille de Bayonne.

Domaine de Sengresse - la maison de Frédéric Bastiat -

Sa mère meurt en 1808, puis sa grand-mère en 1810. Son grand père, se retire alors avec sa fille Justine dans la maison de Mugron, emmenant avec lui Frédéric et son père, qui va mourir à son tour de la tuberculose la même année. Orphelin, il est élevé par sa tante, Justine Bastiat.

Il fait ses études au collège bénédictin de Sorrèze dans le Tarn, puis entre en 1816 dans la maison de son oncle à Bayonne.

Il est initié à la Franc-maçonnerie, et s’intéresse déjà aux théories économiques par la lecture des œuvres d’Adam Smith et de Jean-Baptiste Say.

A la mort de son grand père en 1825 il retourne se fixer a Mugron sur les terres dont il hérite (un domaine de 250ha comprenant une maison de maître et une douzaine de métairies). Il s’y consacrer entièrement .pendant quelques années sans trop de succès avant d’abandonner.

Après son mariage en 1831, avec Marie Clotilde Hiart, dont il va rapidement se séparer, il décide de s’engager dans les affaires publiques et est ainsi nommé juge de paix du canton de Mugron.

Après deux échecs aux élections législatives dans l’arrondissement de Dax en 1831 puis dans celui de Saint-Sever en 1832 pour remplacer le général Lamarque, il est enfin élu conseiller général du canton de Mugron le 17 novembre 1833.

Maison Frédéric-Bastiat à Mugron

Dès lors, il s’attache alors à promouvoir le développement économique de sa région et réalise même un projet de canal latéral à l'Adour. En 1842 il publie Le fisc et la vigne, puis en 1843, Mémoire sur la question vinicole. De même, il participe à un Cercle intellectuel et politique, créé à Mugron, abonné au journal anglais The Globe qui le sensibilise au mouvement pour la liberté du commerce

Réélu conseiller général le 24 novembre 1839, il effectue l’années suivante, pour le compte de l’entreprise familiale, un voyage de prospection en Espagne pour l'implantation d'une compagnie d'assurances.

Dès1844, il entame une correspondance avec l’économiste anglais Richard Cobden qui est à l'origine du libre-échange et réussit à faire abolir les mesures protectionnistes dans son pays, et se rend en Angleterre où il est reçu par les Ligueurs. Il publie à ce sujet.

Son action auprès des milieux politiques et économiques parisiens lui valent son élection en qualité de membre correspondant de l'Institut

Revenu à Mugron et alors qu’il vient de démissionner de ses fonctions de magistrat, il est de nouveau battu aux élections législatives, malgré le soutien de l'hebdomadaire Le Libre Échange dont il assume la direction.

Il se fait connaître par sa participation à la création à Bordeaux de l'Association pour la liberté des échanges, en 1846, présidée par François d'Harcourt, duc et pair de France. L’association devenue nationale, il publie alors de nombreux articles sur le libre échange, et participe à de nombreuses réunions publiques dans toute la France, militant contre la politique protectionniste des gouvernements successifs.

A partir de 1847 il donne des cours d'économie politique à l'École de Droit de Bordeaux .où il développe son discours sur la liberté du commerce, facteur de progrès économique.

L’avènement de la Seconde République donne à sa carrière politique un second souffle. Elu député des Landes à l'Assemblée Constituante en 1848 dont il devient un membre influent l'Assemblée nationale (membre puis président du Comité des Finances).
Paraît à cette époque, le second volume de ses Sophismes économiques .dans lequel il étudie les faits économiques du point de vue de l'intérêt particulier, de l'intérêt général, et de la justice. Il développe l’idée qu’au delà des divergences entre le producteur et le consommateur, le capitaliste et le salarié, celui qui possède et celui qui ne possède pas, il existe des lois prédominantes d'équilibre et d'unité qui les associent, une harmonie supérieure, et que l’élévation du niveau de vie est une conséquence de la marche en avant de l’économie permettant à chacune s’illustrer dans l’entreprise et donc d’acquérir davantage de libertés.

Réélu le 13 mai 1849 sur une liste "démocratique sociale" à l'Assemblée Législative, il prend part à quelques-uns des grands débats parlementaires (défense du principe de la séparation des pouvoirs).

Son état de santé se dégradant, incapable d’assister aux débats de l’Assemblée, il quitte la France pour un voyage en Italie, et meurt à Rome le 24 décembre 1850. Il y repose dans l’église Saint Louis des Français.



Economiste et homme politique, il est l'avocat de la liberté des échanges et des choix économiques par les individus, de la liberté individuelle et e la responsabilité. Humaniste, il a milité contre l'esclavage, la peine de mort, et les lois interdisant les coalitions ouvrières, et pour la participation des femmes à la vie politique. A préconisé le désengagement de l'État des activités pour lesquelles ce dernier ne peut pas être efficace, la diminution des dépenses publiques engagées pour satisfaire des intérêts particuliers, la séparation des pouvoirs, un siècle avant qu'elle ne soit inscrite dans la constitution.
Il est, de fait, un grand économiste, précurseur des libéraux de la fin du XlXe et du XXe siècle, et un écrivain reconnu pour son style.




Hommage de Mugron depuis 1878


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